Avec ferveur, Fabienne Verdier, 51 ans, a choisi son propre chemin: la solitude, l’incandescence et la patience. Elle tient son apprentissage unique non de l’enseignement des Beaux-Arts de Toulouse mais de la maîtrise de l’encre et la dynamique du trait acquis durant ses dix années d’initiation en Chine auprès des grands maîtres de la calligraphie. Une expérience brûlante qui fut pour elle une renaissance et qu’elle a racontée dans un livre magistral Passagère du silence (chez Albin Michel).
Installée au cœur du Vexin depuis de nombreuses années, Fabienne Verdier a créé l’écrin qui lui ressemble: un univers en réduction où la nature se prête à la contemplation. Ou chaque événement, aussi insignifiant paraît-il, est un don pour celui qui sait le recueillir. Cet après-midi là, de fragiles pâquerettes perçaient dans l’herbe rase. Quelques dalles de pierre conduisent à la bibliothèque: dans cette grange aménagée, tapissée d’ouvrages, de pinceaux et d’épures, Fabienne Verdier se concentre. C’est là qu’elle dessine et compose. Debout ou accroupie devant sa feuille, entrant en méditation, elle est à l’écoute des pulsations du monde qui la traversent: des heures, des jours, des mois de travail et d’esquisses, de recherche sur les correspondances. Puis elle rejoint l’atelier qu’elle a fait construire sur mesure.